Programmation Pluriannuelle de l’Énergie PPE3 : les énergies renouvelables sont dans l’attente

Programmation Pluriannuelle de l'Énergie PPE3

Que devient la troisième Programmation pluriannuelle de l’énergie, dite PPE 3 ? Initialement attendue pour mi-2023, sa publication a été reportée à maintes reprises. Preuve que son contenu suscite d’intenses débats. Après plusieurs phases de concertation depuis 2022 et une consultation publique en mars 2025, le texte révisé devait être adopté par décret en avril 2025. Mais le Premier Ministre François Bayrou a annoncé le 28 avril dernier que le gouvernement souhaitait en proposer « une version améliorée et corrigée ». Son objectif est désormais « que le décret soit publié d’ici à la fin de l’été ».

 

Production

 

La PPE3 doit fixer les orientations de la politique énergétique sur les dix prochaines années (2025-2035) afin d’atteindre la neutralité carbone (1) à horizon 2050. Un objectif qui vise à contenir l’élévation de la température moyenne de la planète en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, si tous les pays le respectaient (selon l’Accord de Paris adopté fin 2015 lors de la COP21, par 195 parties, dont l’Union européenne). D’ici 25 ans, aucune énergie produite en France ne devra provenir des énergies fossiles. Cela signifie que l’électricité non carbonée sera générée par des énergies renouvelables (hydraulique, éolien, photovoltaïque, énergies marines, géothermie, etc.) ou nucléaire. La chaleur aussi devra être décarbonée (pompes à chaleur, géothermie, solaire thermique, biomasse constituée de bois, de résidus agricoles, de biogaz…).

 

Électrification des usages

 

Pour accélérer la sortie des énergies fossiles, l’un des principaux leviers est l’électrification des usages, qui concerne le secteur industriel, les secteurs résidentiel et tertiaire ainsi que la mobilité. La consommation d’électricité est donc appelée à augmenter. Dans la version actuelle du projet de PPE3 (datée de mars 2025), la production d’électricité décarbonée devra atteindre 668 TWh en 2035, soit une progression de 22% par rapport à la production totale en 2021. Le texte prévoit ainsi de tripler la puissance photovoltaïque installée d’ici 2035 pour parvenir entre 65 et 90 MW, contre 25,3 GW à fin 2024. Et de doubler les capacités de l’éolien terrestre, pour atteindre 40 à 45 GW d’ici 2035 (23,5 GW fin 2024). Quant à l’éolien en mer, il affiche 18 GW en 2035 (1,5 GW à fin 2024). Côté nucléaire, l’objectif est d’augmenter la puissance disponible des réacteurs existants pour retrouver une production nucléaire de 400 TWh d’ici 2030, et de lancer la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR2.

 

Production de biogaz

 

Pour 2030, le projet de PPE3 fixe un objectif de 50 TWh PCS (pouvoir calorifique supérieur) de production de biogaz, dont 44 TWh PCS injectés dans le réseau de gaz distribué en France. Cela pourrait représenter près de 15% de la consommation de gaz de réseau. Gaz renouvelable, le biogaz favorise notre souveraineté énergétique puisqu’il est produit sur le territoire français. Il revêt aussi un intérêt économique en assurant des revenus complémentaires à de nombreuses exploitations agricoles. Pour rappel, au 31 décembre 2024, la capacité de production de biométhane (biogaz épuré pour être injecté dans les réseaux de gaz naturel) s’élève à 13,9 TWh/an en France, émanant de 731 installations. En parallèle, la consommation primaire de gaz fossile est appelée à baisser. Dans le scénario provisoire de la Stratégie française énergie-climat (2), la consommation primaire de gaz fossile passera de 341 TWh en 2023 à 297 TWh en 2030 et 214 TWh en 2035. Les leviers pour y parvenir sont la décarbonation de l’industrie, la rénovation des bâtiments, le remplacement de chaudières gaz par des équipements bas carbone et la substitution par du gaz bas carbone.

Tous ces chiffres attendent d’être confirmés par décret. Les polémiques qui retardent la publication du texte sont surtout le fait des opposants aux énergies renouvelables, qui sont généralement favorables au nucléaire. En attendant, ce nouveau report va avoir des conséquences directes sur les différentes filières renouvelables, notamment celles qui dépendent d’appels d’offres directement liés à la PPE, tel l’éolien en mer.

(1) La neutralité carbone ou neutralité climatique est entendue comme un équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre (GES) et les absorptions de GES par les écosystèmes gérés par l’être humain (forêts, sols agricoles) et par les procédés technologiques (capture et stockage ou réutilisation du carbone). Source : projet de PPE3 mars 2025.

(2) La Stratégie française pour l’énergie et le climat est constituée par la PPE, par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) et par le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC).